mardi 29 décembre 2009

Eclairs (et tonnerres) sous les étoiles

Premier essai nocturne de mon nouveau Pentax K-x, qui vient remplacer mon loyal K10 qui a rendu l'âme à la fin de l'orage du 8 octobre dernier.
Je suis bluffé par la qualité des images aux hautes sensibilités. Les portes de la photographies nocturnes s'ouvrent enfin devant moi ! Et ça tombe bien, l'excellente visibilité de ce soir me permet d'observer la ribambelle de foyers orageux qui glissent du Médoc vers Limoge :

Les constellations du Cygne et de la Lyre sont suspendues au-dessus de la lointaine masse orageuse. Combinaison panoramique de deux poses de 13 s, iso 800, Pentax K-x et objectif Pentax-M 35/2.8.

Gros plan sur une "tête de cunimb"
bien active
au sommet fréquemment illuminé.
Elle est située à l'extrémité postérieure du complexe orageux,
c'est-à-dire à sa pointe sud-ouest.
Pentax K-x et Sigma 70-200/2.8.


Cette ligne d'orages ne passe pas à moins de cent cinquante kilomètres de moi, et je certifie pourtant avoir entendu le tonnerre !
Comment est-ce possible ?
Je me sais sensible au basses fréquences, qui parmi les ondes acoustiques sont celles qui se propagent le plus loin, mais 150 km cela me parait énorme. Je mets volontiers en ligne de compte la possibilité que le gradient de température de l'atmosphère puisse contribuer à façonner des guides d'ondes similaires à ceux formés par les différences de salinité et de température dans les océans, et qui permettent au chants de certains cétacés de se propager sur des milliers de kilomètres. De similaires phénomènes de réverbération et réfraction acoustique sont connus par la succession de zones de bruit et de silence entourant concentriquement des lieux où se sont produit de très puissantes explosion. A ce titre, les lueurs d'éclair qui illuminaient l'horizon étaient particulièrement puissantes malgré la distance, et les orages d'hiver produisent plus fréquemment des décharges positives dont la grande intensité électrique se traduit par un tonnerre fracassant.
J'ai déjà eu l'occasion d'aborder ce sujet avec un chasseur d'orage qui, du coté des Vosges, était surpris de pouvoir entendre le tonnerre accompagnant des orages distants de quatre-vingt dix kilomètres environ. Il est certain que cela implique certaines conditions, notamment de jouir d'un site d'observation calme. Les éléments relatifs à la stratification et à la dynamique de la masse d'air entre Gascogne et le nord de l'Aquitaine mériteraient d'être scruté plus en détail.
Comme je m'intéresse de plus en plus à l'acoustique, je vais tôt ou tard me mettre en tête de tenter d'enregistrer ces lointains échos de fureur ...

vendredi 18 décembre 2009

Un peu de neige

Du froid et des flocons, Blaziert dans un écrin vert et blanc ...



... et Kasia qui fait des bonds !

lundi 14 décembre 2009

Souvent montagne varie ...

Me voici enfin en mesure de prouver photographiquement ce que je soutenais depuis longtemps aux visiteurs auxquels je faisais admirer le distant profil des Pyrénées, à savoir que nous n'en percevons qu'une image. La lumière est le jouet de l'atmosphère, et les variations de températures aux différentes altitudes de la masse d'air induisent un trajet toujours plus ou moins "tordu" aux rayons qui la traverse. La réfraction atmosphérique est à l'œuvre, elle abhorre les lignes droites et ne peut souffrir de voir les photons adopter une trajectoire rectiligne. Baignant dans ce fluide atmosphérique où l'on a trop facilement tendance à croire que l'essentiel est clairement visible, on ne soupçonne pas à quel point l'horizon nous ment. Ces familières crêtes pyrénéenne, que je retrouve soir après soir à la faveur de ces journées merveilleusement limpides de décembre, eh bien ces crêtes éloignées ne sont jamais exactement à la même hauteur apparente.
L'effet, quoique faible, est néanmoins parfaitement visible avec une simple paire de jumelles, et pour le photographier un modeste téléobjectif de 200 mm suffit. Encore faut-il que dans des conditions de transparence similaires je puisse saisir la belle ampleur que peut afficher ce phénomène de mirage du jour au lendemain. S'y ajoute la pertinence d'un repère plus proche qui puisse faire office de référence. En l'occurrence, c'est le château d'eau de Castillon-Debats, distant d'une trentaine de kilomètres, qui est dévolu à ce rôle. Et la crête distante et néanmoins choyée est celle du Pic d'Orhy, premier sommet de plus de deux mille mètres que rencontre l'explorateur qui cheminerait hardiment de l'Atlantique vers la Méditerranée le long de la frontière pyrénéenne. Et en voici maintenant deux photos prises à peu de jours d'intervalle :


Voyez, l'effet est saisissant : sur le cliché de droite, la montagne s'est enflée, noyant complètement le sommet du château d'eau. Et ce n'est pas le signe d'une crise tectonique sans précédent, mais le simple jeu de l'air qui fléchi la lumière, allié à la courbure de la Terre et à la modification du gradient de température dans les basses couches (irruption de l'air froid, tandis qu'en altitude régnait encore une relative tiédeur). Cette hausse du Pic d'Orhy est l'ébauche d'un mirage supérieur, qui peut parfois prendre une tournure vraiment spectaculaire. On comprend dès lors les limites que le phénomène imposait aux géographes chargés de dresser des cartes et de mesurer l'altitude des sommets par la méthode de la triangulation. Des abaques permettaient de prendre en compte la valeur moyenne de cette réfraction atmosphérique en fonction du site (c'est-à-dire la hauteur) de la visée, mais il était naturellement hors de question d'employer des éléments aussi distants et proches de l'horizon que dans le cas présent.
Cet effet joue en permanence autour de nous, et pour que cesse ce mensonge des lointains il faudrait se débarrasser de l'atmosphère. Point de distorsion de l'horizon à la surface de la Lune ! Mais sur Terre, on ne saurait y échapper. L'effet joue donc aussi sur la portée d'un phare côtier, en permettant aimablement aux marins, lorsque les conditions sont réunies, d'apercevoir tel ou tel phare bien au-delà de la limite que postule le calcul basé sur la seule rotondité du globe. Fascinant, n'est-ce pas ?

mercredi 9 décembre 2009

Fines ondes vespérales

Les tout derniers rayons du soleil tangentent les altostratus du soir, mettant soudain en évidence les subtilités de leurs fins motifs ondulatoires :