Des soies dans l'azur
Il est de délicieuses journées d'automne faites de convection douce et de brise caressante. Ce sont là les conditions attendues par des araignées de tout poil pour laisser filer au grès d'un courant d'air un long fil de soie, jusqu'à ce que la portance de celui-ci leur permette de partir au gré du vent.
Par chance, le ciel est d'une limpidité parfaite, et c'est un azur profond qui se peuple d'une féerique multitude de soies invisibles, trahies par le reflet du soleil glissant sur leur ondulation aériennes :
En masquant le soleil avec une cheminée, je peux à loisir contempler ce surprenant spectacle. Un zéphyr délicat porte ces fils d'est en ouest, tout doucement. Fleuve subtil, soustrait aux regards des distraits, déroulant calmement sa partition de soie dans la douce épaisseur de la basse troposphère. Les reflets révèlent des fils flottant à des centaines de mètres d'altitude, et certainement d'avantage. Leurs paresseuses ondulations sont quelquefois perturbées par de rares bulles ascendantes d'origine thermique. Près de la position du soleil, une intense diffusion met en évidence d'autres corps nageant dans l'océan atmosphérique (brindilles, pollens, poussières, nœuds de fils d'araignée), parmi lesquels font irruption le vol vibrionnant d'un insecte ou le coup d'aile nerveux d'une hirondelle sur le départ.
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